A propos

Je suis un ingénieur généraliste.
À 18 ans, je rêvais de devenir designer automobile ou architecte. En fin de compte je conçois des charpentes métalliques pour des bâtiments. La trajectoire peut sembler banale ; elle ne l’est pas tant que ça. Elle dit déjà quelque chose de mon rapport au réel : composer avec les contraintes, concrétiser un idéal et le construire, accepter que le monde infléchisse parfois les intentions.

Mon parcours m’a conduit du calcul à la direction générale, du chantier aux décisions stratégiques, de l’expertise technique à la responsabilité humaine. J’ai participé à des projets simples et des projets complexes, dirigé une entreprise relativement jeune, assumé des choix qui engagent des équipes, des investissements et une vision à long terme.
Comme beaucoup d’ingénieurs, j’ai appris à penser le monde comme un système. Je me dis parfois, que ma vie ressemble trop à un fichier Excel.

La philosophie et les humanités ne me sont pourtant pas étrangères.
J’y ai été exposé tôt, sans vraiment le comprendre. Le latin au collège, le français au lycée, puis la philosophie en terminale. À l’époque, comme beaucoup, je trouvais mes professeurs « trop vieux » et leurs enseignements déconnectés de ma réalité de l’époque. Avec le recul, je mesure la chance que nous avons en France d’être initiés si tôt à ces disciplines — même si, à 18 ans, on est souvent trop jeune pour en saisir la portée.

Pour commencer ce blog, il n’y a pas eu de déclencheur précis.
Ni livre fondateur, ni événement spectaculaire. Peut-être simplement un moment de la vie où l’on se dit qu’on a suffisamment accumulé d’expérience pour s’autoriser autre chose. Assumer un intérêt pour la pensée, les textes, la réflexion, sans renier sa formation scientifique. Passer du « faire » à  « être », et chercher comment relier deux univers que tout semble opposé.

J’ai observé chez les ingénieurs qui étaient mes ainés une forte envie de transmettre. Pas seulement des compétences, mais une vision plus large, un recul, une manière de penser.

En parallèle, j’ai le sentiment que notre époque maltraite les intellectuels, caricature les penseurs, se contente de résumés et de citations sorties de leur contexte ou de discours préfabriqués.

La technique, de son côté, est parfois présentée comme la réponse à tous les problèmes, sociétaux, environnementaux, politiques. La spécialisation inhérente aux évolutions les plus pointues me parait incompatible avec une vision d’ensemble et un certain recul.

Ce blog est né de ce double constat.

Je l’ai créé pour contribuer, modestement, à réhabiliter la figure de l’intellectuel, et à la moderniser dans notre futur 25 ans après l’an 2000. Non pas l’intellectuel hors sol, mais celui qui pense à partir du réel, de l’expérience, de la technique elle-même. Un intellectuel pratiquant, pourrait-on dire.

Ce blog est à la fois un lieu d’expression personnelle, un espace de partage et une tentative de think tank ouvert. J’y relis des textes souvent seulement évoqués dans la jeunesse, et je tente de les comprendre à la lumière de l’expérience, du travail, des responsabilités. Une citation ne suffit pas à comprendre un auteur ; il faut du temps, du contexte, et parfois des détours.

Je ne cherche ni un ton professoral, ni un développement personnel creux, ni un militantisme technophobe. Ici, vous trouverez mes réflexions personnelles, nourries de lectures, de doutes et parfois d’inconfort intellectuel. Le blog sera probablement lent, accessible, rigoureux mais pas élitiste.

Je vois cet espace comme une carte vierge à explorer, avec vous.
Je souhaite apporter un point de vue sur la philosophie issue des sciences et de la technique, sans prétendre détenir des réponses définitives. Il est possible que vous trouviez dans mes textes des doutes, des contradictions, des idées sans avis ferme. L’idée est d’explorer des chemins plutôt que de promouvoir des solutions.

Pourquoi commencer à 50 ans ?
Peut-être parce qu’à cet âge, on a déjà traversé certaines crises, tout en conservant l’énergie nécessaire pour se remettre en question. C’est aussi le moment où l’envie de transmettre devient plus forte : à ses enfants, à leurs amis, à une génération qui arrive dans un monde techniquement puissant mais intellectuellement fragile. J’ai longtemps eu la chance d’apprendre auprès de mentors plus expérimentés. Aujourd’hui, je n’en ai plus vraiment. Alors peut-être mon tour est venu de tenter d’endosser humblement ce rôle.

En résumé l’esprit de ce blog tient dans la phrase suivante :

« Je crois qu’on peut être ingénieur et philosophe, aimer la technique et la simplicité, construire de grandes choses avec conscience élevée. »

Si ce blog vous donne envie de relire, de réfléchir, de discuter, ou simplement de faire un bout de chemin intellectuel ensemble, alors il aura rempli son rôle.